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Title: Ode
Author: Algernon Charles Swinburne [
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(LE TOMBEAU DE THEOPHILE GAUTIER)
Quelle fleur, o Mort, quel joyau, quel chant,
Quel vent, quel rayon de soleil couchant,
Sur ton front penche, sur ta main avide,
Sur l'apre paleur de ta levre aride,
Vibre encore et luit?
Ton sein est sans lait, ton oreille est vide,
Ton oeil plein de nuit.
Ta bouche est sans souffle et ton front sans ride;
Mais l'eclair voile d'une flamme humide,
Flamme eclose au coeur d'un ciel pluvieux,
Rallume ta levre et remplit tes yeux
De lueurs d'opale;
Ta bouche est vermeille et ton front joyeux,
O toi qui fus pale.
Comme aux jours divins la mere des dieux,
Reine au sein fecond, au corps radieux,
Tu surgis au bord de la tombe amere;
Tu nous apparais, o Mort, vierge et mere,
Effroi des humains,
Le divin laurier sur la tete altiere
Et la lyre aux mains.
Nous reconnaissons, courbes vers la terre,
Que c'est la splendeur de ta face austere
Qui dore la nuit de nos longs malheurs;
Que la vie ailee aux mille couleurs,
Dont tu n'es que l'ame,
Refait par tes mains les pres et les fleurs,
La rose et la femme.
Lune constante! astre ami des douleurs
Qui luis a travers la brume des pleurs!
Quelle flamme au fond de ta clarte molle
Eclate et rougit, nouvelle aureole,
Ton doux front voile?
Quelle etoile, ouvrant ses ailes, s'envole
Du ciel etoile?
Pleurant ce rayon de jour qu'on lui vole,
L'homme execre en vain la Mort triste et folle;
Mais l'astre qui fut a nos yeux si beau,
La-haut, loin d'ici, dans un ciel nouveau
Plein d'autres etoiles,
Se leve, et pour lui la nuit du tombeau
Entr'ouvre ses voiles.
L'ame est dans le corps comme un jeune oiseau
Dont l'aile s'agite au bord du berceau;
La mort, deliant cette aile inquiete,
Quand nous ecoutons la bouche muette
Qui nous dit adieu,
Fait de l'homme infime et sombre un poete,
Du poete un dieu.
[The end]
Algernon Charles Swinburne's poem: Ode
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